Les Vieux Crampons contre les Petits Pères
Au commencement était Versailles et Louis XIV, petit fils d’Henri IV, fils tardif d’Anne d’Autriche et de Louis XIII dit « Le juste ».
Et bien justement mon bon Louis, on était XIII sur la compo du jeudi soir…ça commençait mal, on rigolait pas trop.
Veille du dernier match d’une saison où le relent du rhume des foins planétaire avait sournoisement vaporisé ses effluves : On y était plus, on avait perdu le chemin de la Lumière. On causa même en loucedé d’annulation. Vous vous rendez compte ?!…annulation…
Jamais on n’avait mal parlé comme ça chez les Petits Pères, jamdelav.
La neuille avançait au zinc et ça grommelait de partout autour des pintes et boutanches à moitié pleines : 21h32, Achille s’annonce présent comme un rayon de soleil. On est XIV monsieur Louis ! Plus tard encore à table, Doud lève un doigt et dit : « Je viens à Versailles. ». On est XV.
Ce match on va se le faire !
Et puis vers 23h, les deux kolokatoto finissent sur la compo. C’est la magie Fidjienne.
On était XVII, c’était la fête au château. Moi j’ai toujours aimé les bouteilles à moitié pleines.
Bon, le match débute sur le billard de Porche fontaine. Visiblement, ça nous fout les boules.
Cette pelouse à l’ancienne perdue dans les bois, c’est du kif. Mais kifait pas nos affaires :
- 3ème minute, essais sur interception d’une chistéra de … joli surnom en tout cas : Un à zéro.
- 6ème minute, balle dégueulée, récupérée, pim-pam-poum et jeu dans le bordel à nos frais plus la T.V.A. : Deux à zéro. On était mal parti pour la révolution, là.
Sur ce, arrive mézigue à la bourre. Je vois le Kop agacé, tourmenté et les joueurs tendu, serrés. En face ça découpe mais on envoie du jeu. On est sur le fil, des fois ça passe et des fois c’est chaud. Pas d’omelette sans casser d’œufs, le jeu est brouillon mais l’envie est palpable, les boulons se resserrent, et à un moment, après qu’un adversaire ait invité Maxime à déterrer les taupes avec la tronche, Eliot tombe au paradis : Deux à un. Maxime n’aura pas vu l’essai, il rentrera plus tard sur le terrain. Il me plait Maxime. Versailles est là, ça découpe j’vous dis pas comme. Ils ont la niaque et du monde sur le banc mais nous on s’en fout, on a Giordano et ses quatre poumons. Par contre il n’a qu’un blaire qui saignera un peu. On n’est quand même pas manchot non plus et après deux trois pick and go, Undékolokatoto finit entre les perches et le zouave siffle la mi-temps…Deux à deux. C’est le tournant du match. J’aime les Fidjiens.
La seconde mi-temps est tendue comme la toile d’un parasol en plein soleil. Mais on voit des passes après contact de partout chez nous et une défense qui ne lâche rien. Notre petit gros béarnais en 15 est intraitable. Henri IV, grand père de Louis XIV, s’en émoustille, se réveille et voudrait bien changer de camp. Adichatz béroy !
Les gros font le service d’ordre, le gros Jéjé KoloKatoto en gardera les traces pour le mariage de son pote samedi. On sent la vibe monter. Les joueurs de l’ombre sont là pour qu’on y voit plus clair et le jeu s’éclaircit quand Dam en profite pour cavaler comme un cheval à qui on n’aurait pas fermé l’enclos. Rattrapé par la Royal Air Force, on enchaîne derrière sa cavalcade.
Après, l’enchaînement des temps de jeu va envoyer Achille entre les perches : Deux à trois.
C’est chaud patate, comme on ne dit pas à Versailles. Tellement chaud de partout que les Vieux Crampons endiablés en profite pour égaliser : Trois partout !…Dominer n’est pas gagner.
Avant l’égalisation, Doud nous fera intelligemment une redoublée d’école, avant de s’effondrer terrassé par une vilaine crampe. Un élégant sexagénaire versaillais viendra empêcher Achille de récupérer un coup de pompe qui affleurait la touche, en se plaçant ni vu ni connu, pile sur la ligne et la trajectoire de la balle. Mais mon mignon, on a coupé des têtes pour moins que ça et même le zouave s’en ému et tançât l’élégant. Peut-être un footballeur repenti, venu chercher refuge au rugby, en rechute…
Bref la fin approche et Axel, bien servi, déboule sur l’aile pour marquer après un royal tchac-tchac : Trois à quatre !
Mais la messe se dit le dimanche et nous sommes vendredi…Reste rien à jouer, que dalle, walou, que t’chi, nada, je dirai même que le temps est fini mais le diable de XVIème homme fait son œuvre et donne une pénal-touche à cinq mètres de notre ligne d’essai…Louis, explique à ce XVIème homme comment il va finir.
Une cocotte couverte d’un paletot d’hermine et de fleur de lys sur la crête se forme. Elle est convenablement repoussée à moitié hors des limites du monde connu (on ne connait pas d’autres limites que celles du terrain chez les Petits Pères). Mais le zouave tarde tellement à retrouver son flutiau qu’un royaliste, dans la décontraction générale vu le nombre de joueurs en touche, vient poser la balle derrière la ligne…A chacun son histoire.
Les Vieux Crampons de Versailles est une belle équipe à jouer.
L’élégant sexagénaire ne doit plus sortir sans autorisation.
On a déjà vu pire zouave.
On fait un vrai beau match de fin de saison.
Bravo les P.P.