Ce qu’il se passe quelque part reste quelque part, dit-on.
Règle intangible ? à ce qu’il paraît.
Loi d’airain ? bin voyons.
Allez, soyons transgressifs, ne faisons pas comme d’habitude, et laissez-moi vous compter cette épopée. Passons rapidement sur les faits du vendredi soir, qui n’ont rien de sportif et rien de bien original. Les 10 présents ont bien profité de l’apéro, du resto, du digeo, de l’after et de l’hospitalité autochtone, merci à elle et merci pour eux. Un fait notable : on a expliqué à Félix, notre petit lutin britannique, que les lendemains de soirée alcoolisée, dans nos contrées, on disait qu’on avait mal aux cheveux. Alors, avant le match, il est allé chez le coiffeur.
16h, tout le monde est là, on peut y aller. Place au match, donc.
Ah Chartres ! Son chaud soleil et son beau terrain d’honneur ! Oui, mais ça, c’était en juin. En novembre ce n’est plus la même sauce. Le froid soleil d’hiver décline déjà quand on rentre dans un petit vestiaire exigu. Eliot aurait été là, il aurait fait la tronche, pour sûr …
On est prêts. Direction le terrain du fond. Vous le connaissez, celui-là. C’est celui qui est loin, bien humide parce qu’il est en bordure du bois, à deux pas de la rivière. On s’en fout, il est en herbe, donc ça va, et puis de toute façon, il n’y a pas d’Eure pour les braves. Alors on s’échauffe bien, parce que la blessure musculaire est in-en-vi-sa-gea-ble.
Honneur aux visiteurs, coup d’envoi des PP.
Première attaque des Sénateurs, premiers regroupements, première attaque au large de leur part … et première interception de notre défense bien montée en ligne, première chevauchée crinière au vent de JB et premier essai ! et bin, on aurait signé des deux mains pour une entame pareille ! Gare, la route d’un premier succès en terre chartraine est encore longue et semée d’embûches. 1-0.
Trop de fautes. On ne voit pas trop le ballon et on joue chez nous. Ils nous la font à l’ancienne des touches, des mauls, du jeu devant. On ne leur la fait pas, aux vieux de la vieille, question conservation, ils en connaissent un rayon, pas facile de gratter des munitions. Heureusement, on les tient bien devant et derrière, ça monte vite et bien en défense. Alors ils font des fautes de mains et de goût et on récupère des ballons. On n’est pas en reste. Notre charnière aussi, elle sait alterner jeu de gros et jeu de gazelles. 45 ans à eux deux, 3 ou 4 entraînements en commun, et c’est déjà bien huilé. Ça combine, il aurait été fier de voir cela, le coach. La touche fait le job, on se rassure en premier sauteur. La mêlée tente des départs mais ça manque d’automatisme. La défense adversaire est étanche, alors rien ne se marque. Jusqu’à ce que leur petit arrière trouve un passage et chaloupe jusque dans notre en-but. 1-1. Va falloir le surveiller de près, celui-là, ça a l’air être un pénible.
C’est équilibré. La meilleure défense, c’est l’attaque. Alors, sur une mêlée défensive à 5 mètres de notre ligne, gros départ de Lucas en 8 qui s’échappe sur la moitié du terrain. C’est beau, c’est fort, mais faut pas s’isoler : alors le capitaine lui hurle de nous attendre. Il s’exécute, ralentit, regarde, voit Giac lancé pleine balle et feinte la passe. Gros plaquage sans ballon. Pénalité, mais pourquoi ne laisse-t-il pas l’avantage, cet arbitre ? (il nous la fera plusieurs fois, cette blague). Ah non, ça va, finalement ce n’est pas grave parce que la pénalité est vite jouée et Arnaud file à dame. 2-1. Et juste après, ce petit filou de Félix, en bon petit n°9, navigue dans la ligne adverse et intercepte. 30 mètres plus loin, ça fait 3-1 ! Du bel ouvrage, vraiment. Dommage qu’on ait pas pu atteindre la pause sur ce score. Faut dire qu’elle a duré sacrément longtemps, cette première mi-temps, assez longtemps pour que leur arrière récidive. 3-2 au planchot à l’heure des oranges.
On a manqué de réalisme, mais ça va le faire, alors on décide de ne rien changer à la tactique. Juste il faut éviter les coups de pieds décroisés, parce qu’à la lumière d’un éclairage qui peine à percer la semi-obscurité, c’est chaud de voir arriver le ballon.
Reprise du jeu après, ça aura son importance, que les 2 équipes aient promis à l’arbitre de ne plus se chicaner. Bizarre, ça n’a pas l’air vilain dans le combat. Il y a bien quelques hors-jeux, des plongeons (pardon, des glissades), des plaquages hauts et des joueurs retenus par la manche en sortie de mêlées, mais rien de grave. Engagé, mais correct. Et puis c’est tenu, comme match, il y a même eu une pénalité contre eux pour contestation. Mais OK, dont acte. A suivre.
La seconde mi-temps, c’est un copier-coller de la première. Ça ferraille, ça planque, les deux équipes ont leur temps fort. Mais c’est irritant, ça se tend. Ce n’est jamais bon, au rugby, de mener à l’extérieur. Faut couper court à toute velléité de rébellion. Faut pas qu’ils croivent à la victoire, faut vite faire le break. Mais on s’y prend mal. On insiste devant mais on se fait contrer, il aurait peut-être fallu ouvrir plus vite, il y avait de la place, derrière. Pas de break, donc. Et puis le tournant du match. La fulgurance, plutôt. Une pénalité pour les Sénateurs. Ils tapent en touche, mais Charles-Etienne la sauve, la touche, c’est cool. Arnaud récupère le ballon et dégage au pied. Oh la belle ogive. Soulagement jusque dans le kop, le danger est écarté. Misère, pas pour longtemps. L’arrière s’empare de la gonfle, course rectiligne, petit coup de pied à suivre pour lui-même, récupération de la balle après un beau rebond, re-course rectiligne et essai. 3-3. On l’avait dit qu’il fallait le surveiller de près, celui-là.
Coup de sort, mais il reste du temps, largement de quoi repasser devant. Mais on n’en aura pas le temps. Eux non plus, d’ailleurs. Une prémonition arbitrale ? Autant la première mi-temps fut longue, autant la seconde s’écourtera. Un ruck anodin, un de plus. Le ballon sort, on le suit des yeux … et puis un cri dans la nuit. Une blessure ? non. Un sénateur qui râle pour un énième (!!!) coup reçu au visage (!!!) et qui réclame l’arrêt immédiat du match parce qu’il y en a marre, de tous ces mauvais gestes parisiens (!!!). Je n’ai rien vu, comme tout le monde, je suivais la balle des yeux. C’est super virulent, ça prend l’arbitre de court, ça en laisse plus d’un interloqués dans les deux camps, mais c’est irrémédiable. Le jeu ne reprendra pas. Dommage, on aurait pu laisser la tension retombée et finir sans les deux chicaneurs, va savoir ? Pour l’éternité, il manquera un quart d’heure de jeu et le score restera nul. Pas facile de démêler tout ça sans arbitrage vidéo.
Le pot d’après match est bâclé. On se quitte sans trop se saluer. Je crois qu’on y était prêts. Quelques PP et quelques Sénateurs, avec leurs charmantes épouses, restent pour la truffade de la soirée ski et pour un karaoké qui laisse Giac pantois (mais c’est quoi, ces chansons ?). Les participants se quittent bons amis. On part boire une Chartreuse. Mais ça, c’est une autre histoire, parce que ce qui se passe à Chartres le samedi soir, ça reste à Chartres …
PPanda