Hier soir, c’était juste magique !
Il y a un peu plus de 2 ans, j’avais déjà mis les crampons dans la naphtaline, avec l’idée tout de même de venir faire une dernière pige lors du PP contre PP. Manque de bol, une saloperie de bestiole a enfermé tout le monde et en juin 2020, je manquais sérieusement de partenaires et d’adversaires pour le match… 2 ans plus tard, la vie a repris son cours, les Petits ont repris le chemin des terrains, des victoires, des bars et des fins de soirées interlopes. Et donc d’une saison qui se termine le plus naturellement du monde par un PP contre PP. Et c’est là que j’ai eu, une dizaine de jours avant la date fatidique, l’idée saugrenue de venir le jouer, ce match rituel. Bon, il y a encore 10 jours, je courais, en faisant donc le maximum pour m’alléger… Et j’ai ainsi, depuis, passé 9 jours à faire des pompes et des haltères !!! Bon, je suis réaliste, ça n’a sûrement servi à rien musculairement parlant, mais dans la tête, c’était un moyen de me mettre dans le match.
On fait des conciles présidentiels avec Panda, on trouve donc un thème, les sortants contre les entrants, on trouve en Tonton un gentil génie du graphisme pour nous pondre une belle affiche, on fait 2 belles équipes aussi équilibrées que possible et voilà, nous sommes donc hier soir et le plus dur reste à faire. Mais le plus beau reste à vivre.
Il est 19h40 au clocher de l’église, dans le square les fleurs poétisent, sur le terrain, les billes de caoutchouc cancérisent, et la plus belle victoire est déjà là, avant le coup d’envoi . 35 Petits Pères en tenue pour jouer le match, les blessés sur le bord du terrain pour encourager, des anciens sont là aussi, des femmes en nombre et en beauté, je n’ai pas compté mais il y avait peut-être autant de monde sur la touche que sur le pré. Victoire, on a réussi à faire monter la mayonnaise, comme disent les sexagénaire devant Youporn. Mais il reste tout de même un match à jouer, entre l’équipe des jeunes Pandas du président, avec tous les nouveaux entrants dans la famille PP, contre l’équipe des vieux cougars où sont regroupés les joueurs au teint buriné par les vents des cadrage débordement et à la couenne endurcie par des joutes sur 4 continents. Outre Mézigue, Jérôme officialise que les matchs sont terminés pour lui, Nono tire aussi sa révérence, Knacki retourne à Knackiland, Issapel va essayer de se faire un nom en Province, Cosita a aussi retrouvé un short pour faire une ultime pige contre son neveu (lequel, mort de trouille, ne s’est même pas pointé) et en guest-star surprise, Greg est même revenu de ses vacances pour venir se faire houspiller pas son fiston au sifflet. Ce match, c’était pour eux tous et pas seulement pour moi.
Le match va commencer, on se regroupe, on se sert, et c’est la causerie du capitaine… Merde, c’est moi ! Je n’ai jamais fait ça, j’ai été capitaine une fois dans ma vie, 10 minutes en fin de match alors que Jérôme avait été exclu et que Greg ne rêvait que d’arracher les yeux des adversaires avec les dents. Alors je sors quelques banalités sur le besoin de jouer groupés, de faire l’effort d’être au soutien malgré nos vieilles jambes fatiguées, bref, je pense que j’ai été aussi utile que si je donnais des conseils de muscu à Teddy Riner mais le cœur y était. Alors GO !!! Bon, j’aurais aimé vous faire un compte-rendu vibrant et circonstancié du déroulement du match mais je n’ai quasiment aucun souvenir hormis mon propre match et on déjà bien trop parlé de moi depuis 24 heures pour que je n’en rajoute pas. Alors juste quelques flashs : Grosse entame de match des vieux cougars qui monopolisent le ballon, bien aidé par le retard de 2 joueurs côté Pandas. Or même s’ils ont commencé à 15, ça manquait clairement d’organisation et d’automatisme à certains postes clés et cela nous a bien aidé à prendre le score dès le début. D’ailleurs, l’écart au score après 15 minutes sera le même que l’écart à 5 minutes de la fin. Devant, c’est plutôt propre, même si de l’avis général et de l’avis de Xav’ qui nous en fera la remontrance plusieurs fois, on joue avec trop de passe au lieu de fixer un peu plus l’adversaire. A la mêlée des cougars, c’est Jean-Loup, le fils de Tonton. (Bizarre, cette famille…). Il a une passe monstrueuse, un truc genre exocet qui fuse du milieu du terrain jusqu’à la touche…. Bon, nous, nous ne sommes pas vraiment habitués alors la balle ira souvent en touche. Ce qui nous rassure, c’est que même son pote, de son âge et avec lequel il joue à Vincennes, est parfois lui aussi dépassé par les missiles. Néanmoins, parfois ça joue plus simple et paf, les Cougars vont à dame une première fois ! Quelques minutes plus tard, après un double pick and go puis une percée petit côté, l’arbitre, sobre et efficace durant toute la partie, siffle pénalité pour les Cougars, à 10 mètres de la ligne. J’imagine que toute l’équipe se demande si ça a un intérêt de faire une petite porte contre des adversaires qui connaissent la combi aussi bien que nous… Jean-Loup prend la balle, l’effleure du pied de façon gracile et la propulse de ses bras puissants vers son ailier qui n’a plus qu’à marquer tandis que son vis-à-vis était encore à refaire ses lacets et se sortir le slip de la raie du cul.
Néanmoins, l’abattement n’est pas une vertu chez les Pandas. Ils repartent au combat, jouent rapidement une pénalité pour nous faire reculer de 10 mètres, domine globalement la touche dans ce début de match et finissent par passer la défense au large pour revenir au score. 2-1. Puis rapidement 3-1 sur un nouvel essaie des Cougars. Après un water-break nécessaire vu la température et la moiteur vespérale, le combat reprend alors que les premières rotations se font. Cosita remet les pieds sur un terrain pour la première fois depuis au moins quatre ans ! Il est affûté comme une vache d’élevage mais a la volonté d’un pitbull qui tient un os. C’est presque émouvant. On pourrait dire qu’il a un jeu de chilien de Patagonie… Il avance à la vitesse d’un glacier et perd des litres d’eau. Mais il est là, fier et volontaire, gainé dans son maillot comme la Pompadour dans son corset. A partir de là, je ne connais plus trop le déroulé du match, ni l’évolution du score et encore moins le nom des marqueurs. Je revois juste la foule hurlante derrière un GrandJu beuglant comme une truie dans ses derniers instants. Ça harangue du « Cougars ! Cougars !!! » ça vocifère du « Pandas ! Pandas !!! » , ça vitupère contre l’arbitre qui reste stoïque, les jeunes femmes s’extasient devant les athlètes au corps sculptés tout en sautant sur place à en faire rebondir leurs gros seins qu’elles n’ont pas. Et aussi, tandis que sur le terrain, les 30 acteurs soufflent, suent et ont la gorge sèche, le public descend bière sur bière à un rythme frénétique. Cruelle opposition de classe… Une première bascule psychologique intervient peu avant la mi-temps : Sur une belle attaque au large des Pandas, Derrick, tout en jambe, vient se proposer en soutien intérieur, et le ballon lui échoit à 5 mètres de la ligne en terrain dégagé. Enfin, le ballon aurait du lui échoir, sauf que Derrick a du manger des frites trop grasses ce midi et le ballon fuse sur ses paumes visqueuses pour s’en aller rebondir quelques centimètres devant lui de façon narquoise. La remontée au score est stoppée pour l’instant, petit coup de bambou pour les Pandas
Puis c’est la mi-temps. On m’apprend à ce moment qu’il faut tout donner, que le match est diffusé en streaming par petit bout et visionné jusqu’à New-York. Ils n’ont vraiment rien d’autre à foutre, dans la Grosse Pomme ? Alors on y retourne, le cœur léger et les jambes lourdes. Quelques essais des deux côtés mais l’écart reste globalement le même. Un moment, j’ai l’impression que côté Cougars, la fatigue se fait un peu plus sentir. Un peu moins de soutien, quelques dixièmes de plus pour rejoindre les rucks dans lesquels Derrick continue de gratter comme un morback. Il faut que les Cougars se méfient… Alors on se resserrent, on tente de jouer debout, on crée quelques groupés pénétrants plutôt efficaces où la symbiose de vieux filous qui jouent ensemble depuis des décennies permet de garder un avantage à minima psychologique. Sur un de ces mauls, la balle est écartelée entre 5 ou 6 paires de bras et, comme ça arrive parfois, échappe à tout le monde et roule au sol. Je plonge alors au sol pour la mettre dans notre camp. Mais au même moment, un partenaire fait un grand pas pour, lui aussi, symboliser la ligne de possession au-delà de la balle. Et c’est la rencontre inopinée entre ma tronche et les crampons du joueur inconnu. Rien de bien grave, juste une belle estafilade qui occasionne une traînée sang pour les photos, une sortie du terrain sous les applaudissements et une cicatrices pendant quelques jours pour les souvenirs. Bref, l’incident parfait en une telle occasion.
En fin de match, alors que j’ai repris ma place, ce sont finalement les Pandas qui craquent dans les 5 dernières minutes en encaissant 2 essais ce qui donne au score une ampleur qui ne reflète pas le faible écart entre les deux équipes. Quel est le score, d’ailleurs ? 8 à 5, je crois. L’arbitre nous le confirmera. En tout cas, sacré gros et vrai match de rugby, le publique ne s’est pas ennuyé, les jeunes des deux côtés ont affiché de belles promesses et puisque c’est un match avec des PP, nous n’avons pas raté les incontournables : Nono a fait une chistera, Greg a posé une petite poire suave et sucrée, Moustaku fut coupable de quelques hors-jeu et bien sûr, je fus sifflé pour placage haut. Par contre, Jérôme- n’a pas fait de coup de pied foireux, c’est étrange…. A mon avis, il ne va pas vouloir s’arrêter là-dessus.
Après le coup de sifflet final et les effusions chaleureuses, on a tous trinqué au planteur puisque j’ai perpétué la tradition de Pline en venant avec une glacière. Puis tout le monde se dirige vers l’Entrepots pour continuer la soirée.
J’ai une pensée ému pour Doud et Fifi qui voulaient aussi terminer leurs vies rugbystiques cette saison sur ce match et qui en furent empêchés par des blessures. Ce match était pour vous aussi et votre activité sur le bord du terrain y a fait honneur, bande de gueulards ! ET Fifi… Bon anniversaire !!!
Petite pensée aussi pour d’anciens PP délocalisés qui auraient bien aimé être avec nous ce soir, Ximun et Obevan sur le terrain, Pline sur la touche, Maurin entre les deux….
En ce qui me concerne je suis ravi de tout. De toute la soirée, de tous ces sourires, du match…. et de mon match, ou je me suis prouvé à moi-même que j’ai eu raison de vouloir le faire et à la fois je me suis confirmé à moi-même que j’étais content que ce soit le dernier. Je ne pouvais pas espérer plus belle sortie, alors un immense merci à tous… Et longue vie aux PP sans les grabataires !