Les V.D.Q.S. contre les Petits Pères.
Toute une histoire…
Ce n’était pas un temps à foutre un ailier dehors ce soir-là. Mais on avait rencard avec l’histoire, alors en bon soldat on y est allé.
Je cause histoire parce que ça fait un bail qu’on en découd avec La Malmaison. À une époque ou certains P.P. d’aujourd’hui chiaient volontiers dans les couches, les Petits Pères d’alors régnaient sur tout l’empire et se faisaient traiter de minots… « Mais laissez donc les vieux tranquilles et allez jouer en fédérale ! ‘Zavez pas honte, tas de faignants usurpateurs?! ».
Et puis les mouches ont changé d’âne. On perdait avec une peine vite oubliée dans les bières d’une troisième mi-temps toujours pleine de boustifaille et de chants plus ou moins honnêtes. Oui, parce que les VDQS baignent dans une tradition très rosbif : Après leur victoire et un ‘’Bien joué’’, ils décident alors de t’accueillir comme il faut. C’est à cause de cette garce de Joséphine de Beauharnais qui a trouvé un bon appart à Rueil le avril 1799. Après avoir emménagée avec son chéri, elle veut un jardin à l’anglaise et y fait pousser des roses. Depuis leur parfum a fait le reste. Les VDQS sont toujours beaux, distants et classieux quand t’arrives, avec leur complexe sportif de rêve et leur gazon tondu de la veille. Mais sur le green, c’est pas la même dance. Il y a de vieilles épines qui te retiennent le maillot et de plus jeunes qui te le découpent. Aujourd’hui leur club house est fermé, mais on aime bien les jouer quand même.
Jeudi soir, en deux coups les gros la compo était ficelée. Ce sera à la hussarde avec quelques coups de Trafalgar dans le derrière made in covid pour rassurer tout le monde. Bref, c’est aussi bouillant que l’air sera sec et glaçant comme un coup de serpe.
Mézigues arrivent avec une pogne de minutes à la bourre, mais je pige vite l’ambiance. L’herbe est devenue synthétique et ça rentre fort en face. Personne ne s’échappe chez nous. C’est rude comme à chaque fois chez les VDQS. Pourvu que sa finisse comme à Waterloo. On est corne à corne et l’on sent le vent des boulets qui déboulent bille en tête. J’apprends par J.B. unique remplaçant (il s’est dépatouillé pour être là, voyant dans quelle bouse on était jeudi soir), qu’on jouera 2X30 ‘. C’est une bonne nouvelle, car leur banc ressemble à une file d’attente de test PCR.
Des en-avant chez eux, chez nous et des contre-rucks qui nous empêchent de produire plusieurs temps de jeu. Pendants ce temps-là, le petit Jérémy prend ses marques et remet les choses à plat ou dans l’axe, dès qu’il peut. Faut dire qu’il est venu avec son cornaque de coloc qu’arrête pas de beugler près de mes esgourdes, pour driver son poulain. Quand je demande à l’aboyeur qui s’appelle Quentin pourquoi il ne joue pas, il me dit qu’il a perdu sa ceinture abdominale…’Sont incroyables ces jeunes. Ils paument tout. S’agirait pas de faire pareil ce soir. En parlant de ceinture ça en vaudrait bien quelques coups.
Ça envoie sévère de partout puis la lumière jaillie sur le terrain de bataille, on marque. Après une bonne libération de balle des gros, ça déborde jusqu’à l’aile gauche et le soutien arrive de partout. S’ensuit une fantastique action de gazelle qui ressemble à la Bérézina et met le dawa dans la belle ligne de défense adverse. C’était beau comme du Fidjien. Un coup à droite un coup à gauche, un coup, je t’enrhume et passes après passes, Che va marquer pendant qu’ils se mouchent. Une larme pointe à mes cils et gèle sur le champ d’honneur (la première de Rueil y joue).
Mais les vieux grognards sont là et rêvent encore du soleil d’Austerlitz. Le vieux en short rouge (quel putain de bon joueur) prend l’intervalle, casse un plaquage et donne à son ailier qui vient dessaler notre belle ligne toute blanche. C’est tendu comme la peau des tambours. C’est chaud j’vous dis. À chaque mêlée ouverte ou fermée, un halo de fumée monte au ciel pour demander de l’aide. Mais walou.
La mi-temps est sifflée et on va changer d’arbitre : la demande à l’aide a donc été entendu. J’ai mis longtemps à entraver que le gars qui se baladait en marchant sur le terrain avec son petit sac à dos sur le devant, était l’arbitre. Après aussi, j’ai mieux pigé l’efficacité des contre rucks adverses et me suis même rendu compte qu’il n’avait pas de petit sac à dos mais un gros bide qui l’empêchait de cavaler. Le flûteux fait partie du jeu mais l’arrivée du second va nous rapprocher des fondamentaux. Un grand merci à lui.
Bon, on reprend le jeu. Marius est sorti car sa nageoire dorsale en a pris un coup. J.B file à l’aile, le capitaine monte devant et Ch’ouvre. On sent vaguement que c’est autant jouable que jouasse. En défense tout le monde met les barbeler. On est à un chouilla de sortir les baïonnettes. C’est l’arbitre qui va nous filer son coup de pouce, en sifflant les différentes façons adverses de plonger dans l’axe ou de venir sur les côtés des rucks. Une petite chicaillerie de gros plus tard montrera bien que ça sent plus Waterloo que Iéna et que Jérémie aime ça. Enfin, sur la gauche encore, après une série de rucks et autres, Ben joue l’homme élastique pour aplatir sur la ligne du bout de la paluche. Deux à un c’est bien. Les gros souffrent, certains marchent mais ça tient.
Ensuite notre tracteur auvergnat après plusieurs tentatives, finit par perforer et aplatir au paradis entre les perches. Trois à un et dix minutes à tenir, la messe est dite pour tous les croyants. Mais il y a beaucoup de mécréants chez les P.P. et chacun veille au grain jusqu’au bout. Coup de sifflet final, les masques tombent et les bonnes gueules rieuses se pointent. Le halo de fumée est toujours là, ça fume de joie.
Une belle victoire face à une belle équipe et un match très dense, sans photo ni rien. A l’ancienne. C’était vraiment michto.
Moralité, vous m’avez régalé et vive le fidjien du jeudi qui semble parfait pour préparer le match du vendredi.
Repos les barbares.
BBouch